Pourquoi une mauvaise digestion peut perturber vos nuits
Vous dormez mal, vous vous réveillez la nuit, vous vous sentez "ballonné" au coucher ? Votre digestion a peut-être quelque chose à voir avec vos troubles du sommeil… Nous avons tendance à séparer le sommeil et la digestion comme s’ils relevaient de deux fonctions distinctes. Pourtant, les liens entre intestin ou estomac et sommeil sont nombreux. S’assurer de l’harmonie de leur fonctionnement est important pour notre bien-être global. Ici, je vous propose d’explorer les aspects physiologiques, émotionnels et hormonaux de l’estomac et l’influence qu’il peut avoir sur la qualité du sommeil. Vous trouverez quelques conseils concrets pour retrouver des nuits paisibles et une digestion sereine.
Un estomac trop actif la nuit = sommeil perturbé
L’estomac est un organe qui travaille, même quand on dort. Il est chargé de la première étape de la digestion : il reçoit les aliments, les mélange avec les sucs gastriques (dont l’acide chlorhydrique) et les prépare pour l’intestin grêle. Ce processus est énergivore et mobilise le système nerveux autonome, celui qui gère les fonctions automatiques du corps. Mais le sommeil aussi demande des ressources physiologiques. Alors que se passe-t-il quand les deux systèmes entrent en concurrence ? La réponse est simple : c’est souvent le sommeil qui en pâtit.
Ce qui peut perturber la nuit :
Un dîner trop copieux ou trop tardif : viande rouge, alcool, graisses, plats épicés... → digestion lente, inconfort, agitation nocturne. Idéalement, il faudrait dîner au moins 2h avant d’aller se coucher.
La position allongée : favorise le reflux acide chez les personnes sensibles, ce qui provoque brûlures, toux sèche ou réveils en sursaut.
Une hyperactivité digestive : contractions digestives intenses, crampes ou gaz → micro-réveils répétés.
Le système digestif produit les molécules du sommeil
L’intestin est responsable de la création et de l’hébergement d’un grand pourcentage des neurotransmetteurs. De ce fait, l’intestin participe à la régulation hormonale du sommeil dans la mesure où il produit jusqu’à 95 % de la sérotonine. Ce neurotransmetteur est responsable de la stabilisation de notre humeur. C’est pourquoi il est également nommé “hormone du bonheur”. Or, la sérotonine constitue aussi le précurseur de la mélatonine, l’hormone qui déclenche le sommeil. En cas de déséquilibre digestif (inflammation, alimentation désordonnée, microbiote affaibli), la production de sérotonine peut chuter, ce qui altère la qualité du sommeil. Ainsi, un ventre perturbé peut littéralement désorganiser le cerveau du sommeil.
Les liens sommeil - estomac
L’estomac suit une activité circadienne : il est plus actif dans la journée et ralentit naturellement le soir. Un repas trop copieux ou trop tardif mobilise l’énergie digestive à un moment où le corps cherche à ralentir, ce qui peut perturber l’endormissement. À l’inverse, une sensation de faim ou une hypoglycémie nocturne (liée à une vidange gastrique trop rapide ou déséquilibrée) peut aussi provoquer un réveil nocturne. D’où la recommandation classique d’un repas du soir léger, chaud, digeste, pris au moins 2 h avant le coucher.
Vous avez déjà eu l’estomac noué avant un examen ou une boule au ventre en cas d’angoisse ? C’est normal. L’estomac est connecté au cerveau via le nerf vague, un canal de communication bidirectionnel entre système digestif et système nerveux central. Le nerf vague appartient au système parasympathique, le système de “repos et digestion”. Si la digestion est trop lente, difficile ou douloureuse (reflux, spasmes, fermentation), le système nerveux peut être maintenu en état de vigilance, voire déclencher une réponse de stress léger (cortisol). Cela retarde l’endormissement ou déclenche des micro-réveils. Certaines personnes décrivent une sensation d’agitation interne, de “nervosité sans raison” le soir, alors qu’en réalité leur estomac digère encore péniblement.
Quand on est stressé, le cortisol (hormone du stress) augmente l’acidité gastrique, le transit se dérègle et l’endormissement est difficile car l’organisme en état d’alerte. Certaines personnes ont donc à la fois des troubles du sommeil et des douleurs gastriques. C’est un cercle vicieux. Le lien fonctionne aussi dans l’autre sens : dormir mal, c’est aussi digérer moins bien.
Conseils pratiques : pour mieux dormir, prenez soin de votre digestion
Voici quelques gestes simples mais efficaces pour apaiser l’estomac le soir et retrouver un sommeil réparateur :
✔️ Dîner léger, au moins 2 à 3h avant le coucher
Privilégiez les légumes cuits, céréales complètes, bouillons, poissons blancs. Évitez le sucre, l’alcool, les fritures et les plats trop épicés.
✔️ Mastiquez longuement
La digestion commence dans la bouche. Manger trop vite surcharge l’estomac inutilement.
✔️ Soignez votre microbiote
Consommez des aliments riches en fibres et en probiotiques naturels (choucroute, kéfir, yaourts).
✔️ Évitez les stimulants le soir
Café, thé noir, chocolat, soda : tous excitent à la fois le système nerveux et la production d’acide gastrique.
✔️ En cas de stress, pensez aux plantes digestives et calmantes
La mélisse, la camomille, le fenouil ou le basilic sacré peuvent aider à calmer l’estomac et le mental. À consommer en infusion après le repas du soir.
Une vision plus globale : le ventre, notre deuxième cerveau
Ce lien entre estomac et sommeil nous rappelle que le corps est un tout : digestion, émotions, rythme de vie et équilibre nerveux sont profondément liés. Apprendre à écouter son ventre, à respecter ses rythmes naturels, et à apaiser son système digestif, c’est aussi prendre soin de son sommeil – et donc de son équilibre général.